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Shuffle de Kurt Kuenne

Avec TJ Thyne, Paula Rhodes, Chris Stone, Meeghan Holaway, Tamara Taylor

Pour ma première vision de ce BIFFF 2012, Shuffle semblait répondre à mes attentes car la promesse d’un film de qualité nous était faite grâce aux nombreux prix ramassés par le film outre-atlantique. Première internationale mais aussi premier film présenté dans la 7ème Orbit Competition.

Kurt Kuenne nous revient avec ce film pour le moins étrange. Après avoir réalisé des films  documentaires comme Dear Zachary, direction un monde étrange où un homme, narcoleptique de son état, se réveille à chaque fois à un âge différent. Pourquoi ? Il ne le sait pas, mais une chose est certaine : tout cela n’est pas le fruit du hasard et certains signes lui prouvent qu’il a un rôle à jouer dans l’espoir de sauver quelqu’un.

Houlà, quel imbroglio scénaristique ! Effectivement, c’est la première phrase qui nous vient à l’esprit dès les premières minutes de bobine. Aucune construction contextuelle, des plans qui ne se suivent pas chronologiquement, un tournage en noir et blanc qui nous ternit encore un peu plus l’histoire et enfin, une musique inquiétante qui nous enfonce dans notre siège. Bref, l’assise du spectateur dans l’histoire n’est pas des plus évidentes. Normal, c’est fait exprès.

À l’instar du protagoniste de ce patchwork intemporel, le réalisateur vous berce dans l’ignorance la plus complète. Comme ce personnage un peu perdu et à la limite de la folie, l’histoire nous est présentée comme un puzzle d’une centaine de pièces à reconstituer sans qu’on nous en donne le dessin initial. Avec un peu d’effort, on finit par se prendre au jeu et chercher, en même temps que notre homme, le pourquoi de cette situation totalement loufoque. On devient l’inspecteur et l’observateur extérieur de la vie de Lovell Milo. En le suivant dans sa quête de vérité et de sérénité, on dénoue peu à peu les ficelles de l’histoire pour, à la fin, comprendre réellement le but de toute cette mise en scène.

Ce film est un très bon film. Certes, il est quelques fois trop lent et peut-être trop paranormal pour qu’on y entre de plain-pied, mais il faut avouer que le réalisateur a su donner un sens à une histoire qui n’en avait pas tellement. Très bien filmé mais surtout admirablement interprété, ce long métrage américain ravira sûrement le jury qui n’a apparemment pas boudé son plaisir, vu que certains de ses membres n’ont pas hésité à applaudir cette production, tout comme le public venu en nombre en cette fin de première semaine de Pâques.

Matthieu Matthys

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