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Présentation

Ecris Josée, écris puisque Mireille l’a dit, puisque Adile l’a dit, puisque Lucie le sait puisque la fouine l’a écrit à son mari, écris puisqu’il attend !

Pour ne pas partir à la guerre, Simon s’invente une cousine Josée qui vient garder sa maison. Et voilà Simon qui devient femme parmi les femmes de ses amis qui sont partis au front. Et voilà ces femmes qui se retrouvent entre elles dans la maison de Simon autour d’une bonne tasse de café préparé par Josée et qui parlent de tout et de rien. Surtout de rien. Pour tuer l’angoisse qui les tenaille. Pour éviter de parler du pire ou de l’essentiel, et parce que la vie continue malgré la guerre. Chacune écrit à son chacun. Sauf Josée qui n’a personne, mais qui finit par correspondre avec Thomas, un soldat inconnu qu’elle apprend à connaître, puis par la force des mots couchés sur le papier, qu’elle se prend à aimer : jusqu’à perdre son identité première, et peut-être la raison …

La pièce fait partie d’une trilogie (parution aux Editions Lansman, janvier 2007) qui regroupe Manon – 45 kg – 7000 m2 et Rentrez vos poules… , pièces mises en scène par l’auteur et qui ont en commun la question de l’identité.

Dans Manon – 45 kg – 7000 m2, Manon s’affranchit d’un destin tout tracé ; dans Rentrez vos poules…, le personnage rejoue en direct sa mutation de femme en homme pour l’offrir à sa mère et dans Ecris que tu m’embrasses, Simon est rattrapé par le personnage féminin qu’il s’est inventé pour échapper à la guerre.

Chaque texte a été écrit pour l’acteur qui a créé le rôle : Manon – 45 kg – 7000 m2 pour Véronique Lemaire (création en 2003 au Théâtre de L’L), Rentrez vos poules… pour Alexandre Trocki (création au Varia, en 2007) et Ecris que tu m’embrasses pour Christophe Herrada.

Critique :

Ce mardi vingt janvier, je m’en allai d’un bon pas vers la salle du petit Varia, rue Gray, dans l’optique de voir cette pièce au doux titre : Écris que tu m’embrasses.

Ce qu’il faut que vous sachiez, de prime abord – et cela n’a aucun rapport avec la pièce en elle-même, c’est que, lorsque vous projetez de vous rendre au Varia pour assister à un de leurs délicieux (ou moins délicieux, les goûts et les couleurs, n’est-ce pas, … Vous connaissez la suite !) spectacles et que, par le plus grand des hasards, cette même représentation se donne au petit Varia, ne vous rendez pas directement à la rue Gray, comme mon humble personne.

Pour peu que vous aussi, vous manquiez cruellement de ponctualité, cela peut aboutir à une catastrophe notoire (c’est-à-dire pas de ticket et qui dit pas de ticket, dit pas d’accès à la salle et qui dit pas d’accès à la salle dit pas de possibilité d’assister au spectacle et qui dit pas de possibilité d’assister au spectacle dit retour au bercail le bec dans l’eau et un trajet – qui ne se fit, indubitablement, pas à vol d’oiseau – inutile et vain… Bref !). Heureusement pour mon imbécillité, tout rentra dans l’ordre mais, sachez donc qu’avant de vous rendre rue Gray, il vous faudra passer par la case « Rue du Sceptre » pour recevoir vos tickets.

Écris que tu m’embrasses relate un échange épistolaire entre un soldat, Thomas, qui n’a encore jamais reçu de courrier et une femme seule, Josée, qui n’a rien à perdre. Comment se sont-ils trouvés ? C’est simple (enfin, non, pas tellement) : Thomas est dans le régiment d’Adile, Adile est un ami de Simon, Simon est le cousin de Josée, Josée garde la maison de Simon pendant son absence au front et les femmes des amis de Simon (Mireille, Lucie et « la fouine ») viennent prendre le café chez elle – parce que son café est di-vin ! – et papotent pour oublier.
Peu à peu, au fil des lettres, Thomas et Josée tombent amoureux, sans même s’être vus. Seulement, voilà, il y a un « hic » : Josée n’est pas vraiment une femme. Josée, c’est le cousin Simon, déguisé en femme pour échapper à la guerre.
Dès lors, nous entrons de plein pied dans un sujet maintes fois traité : l’effet dévastateur de la guerre sur la psychologie humaine et sur les hommes (faussant tous les repères, entraînant la recherche identitaire et parfois même la folie).

Virginie Thirion a relativement bien traité ce sujet : une analyse correcte, bien que non détaillée. Quelques blagues bien senties, des paroles un peu crues qui font sourire, des comparaisons assez cocasses, des calculs abscons mais aussi des moments d’émotions, des confidences, et puis surtout, de l’espoir… Tout cela accompagné d’une mise en scène originale mêlant jeu théâtral et projection, jouant sur les espaces et le décor.

Toutefois, le rythme était un peu haché. Quelques passages à vide, un développement qui ne semble pas toujours aller en profondeur, une fin qui nous laisse légèrement sur notre faim… D’autant que, être seul sur scène est un véritable défi : il est nécessaire de captiver le public et de garder son attention. Vraisemblablement, ce jour-là, Christophe Herrada n’était pas au sommet de sa forme. Écris que tu m’embrasses aurait pu être une bonne pièce : le texte, la mise en scène et le jeu n’étaient pas, en soi, mauvais. Loin de là ! Mais, en sortant, il reste un goût (bien qu’il y ait toujours « cette histoire de subjectivité » !) de trop peu.

Dommage…

Carole, pour le bourlingueur du net.

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