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Cet été étant un peu trop gris à notre goût, nous avons décidé de partir « en quête de chaleur et de couleur » comme un certain peintre en 1888. Et c’est justement à la « Van Gogh : The Immersive Experience » que nous mènent notre bourlingage. Évidemment, nous nous rendons en train à la galerie Horta, c’était non seulement le plus pratique, le plus écologique et le plus économique mais aussi un joli clin d’oeil à un sujet auquel l’artiste aimait particulièrement rendre hommage.

Vous décrire ce moment sera pour votre chroniqueuse un magnifique défi : amoureuse inconditionnelle du personnage et de son travail, il sera difficile pour moi de rester parfaitement objective (excusez-moi d’avance pour mes effusions). L’exposition se divise en trois parties, suivons donc cette configuration pour vous la présenter.

Le voyageur.

« Je ne suis pas un aventurier par choix, mais par destin. »

© Jeremie Piasecki

Même s’il décède à seulement 37 ans, Vincent Van Gogh était, lui aussi, un bourlingueur. Et c’est ce que nous découvrons en premier lieu. De ses tentatives dans l’entreprise familiale aux Pays-Bas à son arrivée dans le Borinage où il décidera de céder à sa vocation de peintre, il a essuyé autant d’échecs de carrière que vu de paysages. Marchand d’art dans des galeries : d’abord à La Haye, ensuite à Londres et enfin à Paris, il finira par perdre son emploi et vagabondera de poste en poste (aide-prédicateur, assistant pasteur, libraire, …). Il entreprendra aussi des études en théologie dans le but de devenir pasteur. De Amsterdam à Bruxelles, il finira tant bien que mal par le devenir à Wasmes. Il ne cessera plus alors de voyager. À 25 ans, il tourne le dos à tout espoir de carrière et ne se consacrera plus qu’à sa passion pour la peinture. N’ayant pas les moyens de payer pour des modèles, il trouvera son inspiration dans son quotidien, ses aventures et ses rencontres.

Pas à pas, nous découvrons les dessous de son art : ses deux séries de Tournesols (fleurs qui orneront son cercueil et sa tombe par la suite), l’origine de « Épuisé » (oeuvre cachée pendant plus d’un siècle), son perfectionnisme (que d’autres que moi qualifieront d’obsession) d’autodidacte insatisfait, etc. Mais aussi et surtout son amitié aussi profonde que torturée avec Paul Gauguin, son amour inconditionnel pour son frère Théodore et enfin, sa frénésie lors de son séjour à l’asile Saint-Paul de Mausolée où il peindra environ une nouvelle pièce toutes les 36 heures.

Le sensible émerveillé.

« Je préfère mourir de passion que d’ennui. »

© Jeremie Piasecki

Si ses conditions de vie sont difficiles, malgré le soutien financier de son frère, Vincent ne cessera pourtant jamais de voir le monde dans un prisme de lumière éclatante et regrettera de ne pas pouvoir faire « aussi beau, aussi percutant que la réalité dont ceci n’est qu’un pâle reflet dans un miroir sombre ». Assise dans l’espace immersif, j’ai les larmes aux yeux… Cet homme, tantôt dit « fou », tantôt « instable » ou encore « tourmenté », n’était selon moi qu’un être d’une sensibilité exceptionnelle. La peinture comme exutoire et moyen d’expression, il n’atteignait jamais pleinement ses propres attentes. Face à ses oeuvres, animées et projetées partout autour de moi, je me laissais aller à comprendre sa détresse. Quoi de plus frustrant que de ne pas parvenir à trouver des mots transmettant parfaitement notre pensée ? Tournant et détournant sans cesse ce que l’on veut dire et partager sans même se rendre compte du chef-d’oeuvre que l’on crée et perdre l’esprit par passion parce que ce qui nous entoure est si beau que nous en sommes aveuglés au point de ne plus percevoir notre propre profondeur de talent et d’âme.

Défile tour à tour ses plus belles oeuvres agrémentées de citations (pour la plupart tirées de ses échanges épistolaires avec Théo) et les visiteurs sont invités à s’installer. Pour certains : l’occasion est parfaite pour prendre la pose. Pour d’autres : elle est parfaite pour prendre le temps. Pour moi : elle est parfaite pour prendre conscience. Je me sens aussi petite devant son travail qu’affectée et triste qu’il n’ait pas pris la mesure de sa valeur, tant en tant qu’artiste qu’en tant qu’homme.

L’inspiré.

« Si vous aimez vraiment la naturevous trouverez la beauté partout. »

© Jeremie Piasecki

Quelques émotions plus tard, voici venu le temps de découvrir un mouvement qui va séduire le peintre de part son utilisation des couleurs mais aussi des perspectives : le japonisme et ses estampes. C’est ainsi que cette dernière partie de l’exposition mettra en valeur les compositions qui en ont découlé comme « La Chambre » ou « Amandiers en Fleur » auprès, par exemple, de « La Grande Vague de Kanagawa » de Hokusai. Nous avons alors droit à trois différents styles d’immersion : la reconstitution, la projection et enfin la réalité augmentée. Dans celle-ci, nous traversons le miroir pour évoluer dans ses toiles et les couleurs qu’il « mariait comme des amants, en renforçant ce qui les lient et équilibrant qui les opposent ».

Vincent.

« Je préfère peindre des yeux humains plutôt que des cathédrales, si majestueuses et si imposantes soient-elles. L’âme d’un être humain, même les yeux d’un pitoyable gueux ou d’une fille du trottoir sont plus intéressants selon moi.« 

© Jeremie Piasecki

Nous terminons face à lui, le visage figé mais traversé par ses oeuvres. Nous transmettant tout autant d’émotions que l’aurait fait un sourire ou une larme, comme pour nous rappeler une fois de plus que la valeur d’un homme ne se résume pas qu’à son apparence mais surtout à ce qu’il fait et accomplit, sans parfois même s’en rendre compte.

© Aline Vander Osieren

Vous l’aurez compris, notre quête initiale fut couronnée de succès. Si vous voulez, vous aussi, l’entreprendre vous trouverez toutes les informations juste ici. N’hésitez pas à nous dire ce que vous en aurez pensé !

One thought on “À la rencontre de Vincent.

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