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© Sandrine Roudeix

Jeudi 24 Novembre, me revoilà au Théâtre National pour mon plus grand plaisir.

Content, repus, je m’attends à passer un bon moment spectacle en compagnie de Guy Bedos.

Le festival des libertés, c’est un grand rassemblement, des vérités souvent étouffées ou simplement ignorées.

19h45 s’affiche sur ma montre, bière en main, je me dirige vers la porte E Rang W place numéro 7.

C’est la toute première fois que je rentre dans la grande salle, j’ai connu ce Théâtre quand il était sur la place Rogier presque en face du Sheraton.

La salle me laisse une sensation de froid, mes premières pensées furent, insipide – incolore –inodore ; je ne sais comment la définir, dénudée ? austère ? rigide ? Je laisse là mes pensées et j’attends patiemment l’entrée en scène de l’ami Bedos.

Le Quart d’heure académique passé, le voila sur scène, en costume-cravate, détendu entamant une ronde sur les planches ; il est content d’être la dit il et bien, moi aussi!

Je me rehausse dans mon fauteuil, décroise les jambes et j’attends…j’attends le déclic ; rien, ça ne vient pas, je ne rentre pas dans son jeu. Il s’en prend à sa sœur, sa mère, l’inceste avec une vulgarité osée mais ça ne m’atteint pas. Je n’ai rien contre la vulgarité, je la revendique même ; soyons fous et choquons ! mais là, c’est vide, elle n’est, selon moi, pas utile ou mal placée.

Ses histoires ne se mettent pas en scène dans ma tête, je n’imagine rien, je ne vois rien.

15 minutes , 20 minutes, 25 minutes de passés et « toujours autant content » d’être la, répète-t-il.

Quelques applaudissements grondent du rez-de-chaussée et, je remarque qu’autour de moi, les gens ne rentrent pas non plus dans son jeu. Quelques personnes de-ci de-là s’en vont pour ne pas déranger les autres.

Noir complet, lumière, scène suivante…

Mon attente se fait de plus en plus pressante, Je m’adonne à mon passe temps favori : dénudé du regard la salle, chercher les imperfections linéaires, les erreurs du conception du lieu. Je suis venu pour rire, me détendre, je fais un peu de tout sauf ça.

Le voila au milieu des planches, il s’en prend a Freud et à la psychanalyse, OK, ça ne m’aide toujours pas. Il reparle de sa maman etc ; Il se répète : « Vous avez payé pour ça et bien je vais vous rembourser…Un jour » et hop, lumière éteinte, applaudissements, scène suivante.

Maintenant, il s’en prend à la politique, j’en attends de plus en plus, il faut relever la barre.

La Belgique – gouvernement – flamands – wallon – rattachement à la France –

C’en est trop, ça doit faire 500 jours que nous n’avons pas de gouvernement, on est tous au courant, il faudrait commencer à changer de disque, ça ne fait plus rire ou alors, à peine sourire.

Quand un sujet est trop exploité, on finit pas s’en lasser et comme on dit, les histoires les plus courtes sont parfois les meilleures.

Bref, je me suis levé, tout comme certains, dans le silence le plus complet, j’ai pris ma veste, je n’ai rien demandé à personne et je suis parti, soulagé.

Ce n’était pas la soirée escomptée ; je me suis consolé devant quelques chopines bien méritées.

Je terminerai avec une blague qu’il nous a servi :

– Petit frère, tu fais beaucoup mieux l’amour que papa…

– Je sais, maman me l’a souvent dit.

Rien à redire.

Jeremy Stagno

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