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©Georges Biard

C’est dans le cadre sympathique du Brussels Film Festival que nous sommes allés à la rencontre de Maria de Medeiros. L’actrice portugaise, qui est à l’affiche du film de Pascal Rabaté « Ni à vendre, Ni à louer », a répondu à nos questions avec une grande honnêteté et une grande humilité.

Maria de Medeiros, que représente le web pour vous, étant donné que nous sommes un webzine ? Quelle en est votre utilisation ?

Comme tout le monde, je l’utilise tous les jours mais pas encore dans toute l’offre qu’il donne. C’est un outil hallucinant. Tous les jours, je suis contente de pouvoir écrire, voir et parler à mes amis qui sont au Pérou ou au Brésil.

Je le vis comme une révolution dans les relations humaines, comme une chose qui est bénéfique pour l’amitié puisqu’elle me rapproche de mes amis. Communiquer devient tellement plus rapide et plus facile. Je suis une fan des avancées technologiques en général.

La Belgique et Bruxelles, c’est quoi pour vous?

J’adore Bruxelles et je suis toujours contente d’y venir, c’est une ville très agréable et qui fait envie. Depuis mon enfance, j’y suis passée très souvent et, plus récemment, j’y ai tourné le film de Frédéric Sojcher, « HH, Hitler à Hollywood ». Ce film m’a réellement permis de m’installer ici, d’y vivre. J’avais un superbe appartement. Le reste du temps, j’habite à Paris qui est une ville très stressée, assez agressive, ce que Bruxelles n’est pas.

J’aime aussi le côté international de cette ville. J’ai, entre autres, des amis portugais qui travaillent pour le parlement européen. J’adore aller dans les cafés et entendre des personnes venues de toute l’Europe occupées à discuter.

D’autant plus qu’il y a quelques belges dans le casting de «Ni à vendre, ni à louer» que vous présentez ici… Je pense à François Damiens par exemple.

François est tellement charmant, c’est une personne très agréable. Nous étions ravis d’avoir pu travailler ensemble même si nous ne nous connaissions pas avant. Il a fait un travail formidable et il est très drôle.

Le film est quasiment muet, est-ce frustrant de ne pas pouvoir parler pour un acteur ?

D’abord le film n’est pas muet, le film n’a pas de dialogue. Je pense qu’il est très parlant car tout y a un sens. Il parle mais dans le choix des couleurs, dans le choix des acteurs, dans les attitudes, dans ce qui se passe dans le cadre ou dans le choix de celui-ci. Tout ça véhicule du sens, un langage. Pour moi, c’est un film très éloquent même sans mot.

J’ai donc été ravie qu’on me propose cette expérience assez atypique. C’est curieux car je me suis dit que ça allait être plus facile en n’ayant aucun texte à apprendre mais, au final, je me suis aperçue que ça demande une grande concentration. Notre gestuelle devait être très précise. Sous la direction de Pascal (Rabaté), je me suis retrouvée avec Jacques Gamblin à bouger comme les danseurs et à compter mes pas à partir du mot « Action ». Nous comptions 1,2,3 et à 4 on fait ça, à 7 on fait ci et cela nous permettait de synchroniser complètement nos mouvements. On était vraiment comme des danseurs, on peut donc dire que c’est un film chorégraphié. De plus, je me suis rendue compte pourquoi la plupart des grands acteurs du muet sont aussi d’excellents danseurs car quand on ne parle pas, on danse. Comme Buster Keaton, Charly Chaplin ou Jacques Tati…

C’est une expérience formidable.

Quand, pour la première fois, vous avez vu le scénario, ne vous a-t-il pas fait peur?

Je n’avais pas encore reçu un scénario comme celui-là, il était tout fin, sans dialogue mais il est venu accompagné d’un très beau story board qui venait imager les situations expliquées par écrit. On sentait que ça allait être un objet original et unique.

À la vision du film, j’ai pensé à une oeuvre contemporaine, une toile osée et peut-être dérangeante. Croyez-vous qu’il puisse déranger les personnes qui iront le voir?

Avant de tourner celui-ci, j’avais déjà vu le premier film de Pascal «Les petits ruisseaux» et j’en étais sortie vraiment heureuse. J’ai vu les gens sortir de la salle comme revigorés, comme lorsque l’on prend un grand bol d’air marin. Je trouve qu’ici aussi, le film parle de notre situation actuelle, de la crise économique où tout est à vendre et à louer sauf les choses les plus importantes qui ne le sont pas. Il y a un petit message subtil et libertaire dans le film. C’est un film très positif, qui nous donne envie de vivre, d’aimer et de donner de l’importance aux choses qui ne s’achètent pas.

Vous avez tournée nue, cela a-t-il été difficile?

Oui car je suis très pudique mais je sais que Pascal l’est aussi. Dans «Les petits ruisseaux», il y a aussi la présence du corps humain nu mais on voit que la façon dont Pascal aborde le corps est très respectueuse, très pudique et très artistique. J’ai accepté car je savais que j’étais entre de bonnes mains, j’étais très en confiance avec lui et son équipe.

Quelle était l’ambiance sur le tournage?

Excellente, avec beaucoup d’amitiés. Pascal travaille souvent avec la même équipe, des gens qui lui sont très fidèles et avec qui il a des rapports très amicaux.

Enfin, quels sont vos futurs projets ?

Il y a plusieurs films que j’ai tourné l’an dernier qui doivent encore sortir, dont un, d’une autre personne très importante du monde de la bande dessinée, Marjane Satrapi. Il s’agit du film «Poulet aux prunes» qui sortira dans quelques mois.

Il y a également un très beau film portugais que je veux soutenir car le sujet concerne toute l’Europe, il s’agit d’un film sur les lois de l’immigration. Il se nomme «Voyage au Portugal» où je joue une ukrainienne. Je joue tout le film en russe. J’espère qu’il sera présenté, ici, en Belgique.

À part ça, je viens d’enregistrer un troisième album avec des musiques et des paroles que j’ai moi-même composées. Il a été enregistré il y a deux semaines à peine donc il reste beaucoup de travail, de mixage, de production, etc…

Enfin, je réalise un documentaire sur le Brésil, sur la commission d’amnistie et de réparation du pays. C’est une commission du ministère de la justice brésilienne qui s’efforce d’offrir une reconstruction aux victimes de la dictature militaire. Que les gens et les enfants des personnes assassinées ou torturées, retrouvent leurs papiers, leurs noms, leurs passés par une aide matérielle et financière. Je trouve que c’est formidable que le Brésil et d’autres pays comme l’Argentine ou le Chili suivent ce chemin.

Voilà que cet interview touche à sa fin, je vous remercie d’avoir répondu à toutes nos questions et nous vous souhaitons beaucoup de succès.

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