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Comment parler d’une émission de si bas niveau que celle proposée par la RTBF, la télévision belge francophone (subsidiée) sur les pages du Bourlingueur du Net sans heurter la sensibilité des téléspectateurs convaincus que l’on peut devenir un artiste en quelques semaines de travail au contact de personnes ayant pris cette même voie quelques mois où années auparavant ? Voilà la question que je me suis posée avant d’écrire cette carte blanche inhabituelle. 

Avant le lancement de la première émission en Belgique, j’ai eu la chance de rencontrer une jeune artiste qui avait été contactée par la production de l’émission afin de passer dans ce fameux The Voice Belgique, en effet dès le début, les producteurs avaient bien pris conscience qu’il serait très peu probable de trouver suffisamment de talent dans les castings proposés par la chaine de télévision publique, ils avaient donc pris les devant en recherchant de jeunes artistes qui commençaient à se faire connaître sur les petites scènes locales afin d’être sur de tenir le public en haleine durant les X semaines que dureraient l’émission. Ce projet monté comme un conte de fée était judicieux au niveau marketing mais voilà, une grosse vingtaine de ces artistes ont simplement refusé de paraître dans les émissions après s’être immiscé dans les sélections locales, la raison me direz-vous et bien ayant eu l’occasion d’en discuter avec l’une de ces artistes, se sont des contraintes relativement sévères vis à vis d’eux, qui pour la plupart avaient déjà roulé leur bosse, les ont fait fuir, un contrat stipulant que leurs droits à l’image en participant à l’émission appartiendrait désormais à la société de production, que toutes compositions dans les X années qui suivaient l’émission leur était acquis, en quelques sortes une belle façon de devenir propriétaire de jeune talent sous la protection des autorités publiques représentées par la RTBF elle-même. 

Vous n’avez jamais vu ces artistes, en effet ceux-ci malgré leur sélection ont refusé de signer ce contrat qui les rendraient esclaves de la boite de production de l’émission The Voice. Certains ont malgré tout accepté, il est en effet de plus en plus rare pour les artistes de trouver un moyen d’expression adéquat à leur talent mais ils sont très peu nombreux à réellement trouver leur place dans une société de consommation rapide dont les nounous sont les médias institutionnels.

Admirative devant cette grande réussite, des audimats de 500 000 personnes rendez-vous compte, la ministre de la culture Fadila Lanaan s’est empressée de saluer la réussite de telles démarches en augmentant les subsides destinés à cette forme de culture moderne, dont très peu de gens se souviendront dans les prochaines années de la la substance réelle, grâce aux efforts de la RTBF. De nombreux théâtres et ASBL ont dû fermer leur porte cette année afin de récompenser le génie culturel des élites qui compose les pouvoirs publiques, en effet, les subsides qui leurs étaient destinés ont dû être rabotés, il est bien entendu hors de question de passer devant une telle opportunité de présenter le talent à l’état pure, sortant de la cuisse de Jupiter, au monde via ces télé-crochets de renommées internationales pour cette tranche de la population qui n’ont de culturel que le salaire tombant telle une délivrance à la fin de chaque mois.

Voilà la donc que la seconde saison de cette émission de haut vol voit le jour alors qu’il m’est toujours impossible, aujourd’hui, de pouvoir vous citer le nom du gagnant de la première émission… Quelle déception pour quelqu’un comme moi qui depuis 14 ans s’informe, se renseigne, écoute et apprécie la production de gens laissés sur les côtés de la route car ne répondant pas aux critères de sélection d’un artiste pour les décideurs de ce bas monde… Mais surtout quelle sentiment de gâchis lorsque je vois le mauvais goût d’une population à qui l’on pourrait servir de la merde au petit déjeuner et qui ne s’en rendrait pas compte si en même temps on en faisait la publicité dans la boite qui leur sert de cerveau.

 

Flips Lionel

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