Special Brussels Film Festival 2012
La kryptonite nella borsa de Ivan Cotroneo
Avec Valeria Golino, Cristiana Capotondi, Luca Zingaretti, Libero de Rienzo, Fabrizio Gifuni, …
Naples en 1973, c’était pas le Pérou, mais la solidarité, la joie, les changements sociaux et les expérimentations hippies sont en pleines effervescences ! Au milieu de tout ça : Peppino, jeune garçon tête de turc aux binocles surdimensionnés. Quand sa mère apprend qu’elle est cocue, elle s’enferme dans une déprime du fond de son lit et ne s’occupe plus de la maisonnée. Le père, les grands-parents ou la tante et le tonton hippie vont se relayer pour garder Peppino. Entre temps, le cousin Gennaro, le type un peu branque de la famille qui se prend pour Superman, se fait renverser par un bus. Le père de Peppino, lui achète des poussins pour lui remonter le moral et tata et tonton emmène Peppino partout avec eux, aussi bien danser un sirtaki, que dans une soirée de débauche (corps nus, LSD, etc.). Ils sont tous fous ! Comment tous les protagonistes vont résoudre leurs problèmes au milieu du chaos ambiant ?
Réalisé par Ivan Cotroneo, écrivain d’origine, La Kryptonite nella borsa, est une fantaisie italienne basée sur son roman autobiographique. « Le monde du jeune héros, Peppino, est très proche de celui dans lequel j’ai grandi. Il s’agit d’un univers extravagant, fascinant et plein de mystères. J’avais de jeunes oncles et tantes et j’ai vécu des aventures borderline… », dit-il. C’est sûrement aussi pour la même raison qu’il en est devenu le réalisateur. Tout s’est passé un peu par hasard. Sa version est selon ces dires : « Après que les producteurs, Francesca Cima et Nicola Giuliano, aient acheté les droits du livre, nous nous sommes mis à travailler ensemble sur l’adaptation. Comme je ne cessais de dire ce que j’espérais du réalisateur hypothétique auquel on allait confier le film, ils m’ont dit : « Et pourquoi tu ne le tournes pas ?« . »
La réussite du film tient en plusieurs points. Tout d’abord le contexte historique. Propice aux fantaisies, la période hippie à un côté décalé qui peut facilement rendre les choses drôles. De plus, tout l’équipe du film s’est mobilisée pour reconstituer l’époques : des voitures aux pattes d’eph’, des paysages à la musique, tout respire les seventies. Cela entraîne une première immersion dans l’histoire.
Deuxièmement, Cotroneo s’attarde beaucoup sur le côté social de la vie de l’époque. Evidemment, comme dit plus haut, l’utopie hippie. Mais aussi le chamboulement des mœurs avec les revendications de la femme, qui tient une place importante dans le film. A ce sujet, le réalisateur s’explique : « En plus de produire un récit de formation, je voulais composer une réflexion sur trois générations de femmes, avec leurs différents parcours sentimentaux et affectifs. J’ai co-écrit le film avec deux scénaristes de sexe féminin, Monica Rametta et Ludovica Rampoldi, et un de nos objectifs était de décrire des personnages de femmes crédibles et attachants en imaginant dans quels guêpiers familiaux elles pourraient se trouver. » Et enfin, il pose beaucoup de questions sur l’individu, ce qui le caractérise dans la société ou mieux vaut-il être unique ou se noyer dans la masse ?
Troisièmement, le scénario, l’histoire ou les dialogues sont passionnants et drôles. De la fantaisie à la réalité, de l’humour au drame, Cotroneo joue très bien sur les deux tableaux et réussi son pari de les faire coïncider.
Et enfin, une grande partie de cette réussite, vient au choix et à la performance des acteurs. Le jeune interpète qui est dans la peau de Peppino (Luigi Catani) est touchant et totalement dans le rôle, Valéria Golino est encore une fois impeccable. Ils sont aussi servis par des seconds rôles impeccables. Mentionnons l’apparition discrète de Fabrizio Gifuni (Nos meilleurs années, Hannibal, etc.), à son aise dans le rôle du psy manquant parfois d’un peu de déontologie.
Malgré tout, on ne peut pas quitter une critique sans dévoiler une ou deux choses qui ont manqué ou qui n’ont pas été très réussies. Autant le personnage de Gennaro, qui se prend pour Batman est extraordinaire de fantaisie, autant le revoir dans les songes de Peppino après sa mort, n’apporte finalement que très peu de choses et en devient parfois lassant dans le déroulement de l’histoire. Pourtant Cotroneo pariait beaucoup sur ce personnage : « C’est lui qui véhicule le sens profond du film, qui est l’accès de Peppino au monde fantastique. Il était important que le film s’achève sur ce discours.(…) Gennaro parle de l’importance d’être différent, mais aussi de la difficulté qu’il y a à l’être, et il dit ceci à un enfant qui ne veut pas être différent. La recherche du bonheur n’est pas chose facile et passe par la douleur, les rêves brisés et les remords. Quand le héros se dit prêt, il est conscient de ces difficultés. ».
Cet écueil, ne gâchera évidemment pas un film bourré d’humour, plein de fantaisies, au charme hippie et napolitain. Porté par un jeune acteur plein de promesses, une actrice internationale et des seconds couteaux impeccables, La Kryptonite nella borsa est une belle découverte ou l’alliance humour et film de qualité et réussie !
Loïc Smars