La marraine du Festival, Victoria Abril a fait honneur de sa présence afin
d’inaugurer la 28 édition du Festival International du Film d’Amour de Mons.
Victoria Abril, à la carrière brillante et connue mondialement, s’est montrée très
accessible lors du gala d’ouverture et n’a pas hésité à se confier aux journalistes
lors de la conférence de presse. Rencontre de VICTORIA ABRIL, A Mons.
Vous êtes déjà venue plusieurs fois et avez eu un prix d’interprétation. Qu’est ce que vous
pouvez dire sur le Festival du Film d’Amour de Mons ?
Je suis très content d’être ici. La dernière remonte à plus ou moins 20 ans. C’était mon 5 ou 6ème
film avec Vicente Aranda. Je suis venu aussi il y a à peu près 25 ans, chanter à Mons avec le
groupe « Olala ».
Vous chantez, vous faites du cinéma, on vous voit au cinéma, au théâtre et à la télévision.
Y’a-t-il un art que vous préférez plus qu’un autre ?
Je suis en train de tester un autre art car je vais devenir artiste peintre, artiste plastique pour
l’humanitaire. On m’a demandé de participer à une vente aux enchères, qui s’appelle « Caritivart » :
c’est une cinquantaine d’artistes, qui ne sont pas peintres et qui font un tableau, qui seront
vendus aux enchères pour des ONG. Moi, je m’occupe « Orphelinat d’Afrique » depuis 10 ans.
Notre mission, c’est de vider les orphelinats et renvoyer les enfants chez eux, car ils ne sont pas
orphelins mais juste pauvre. Nous voulons éviter qu’ils soient enfermés. C’est notre travail au
Ghana.
J’ai fait un tableau qui va être mis en vente aux enchères le 29 mars à Paris, mais si ça fonctionne,
j’en ai déjà fait d’autres ! Donc, je pense faire carrément une expo !
Une nouvelle corde à votre arc donc?
C’est effectivement une nouvelle corde à mon arc, mais humanitaire bien sûr ! Le but est de
trouver de l’argent pour mes enfants d’Afrique. Pour le moment, avec la crise, c’est assez dur de
demander aux gens de lâcher un peu pour les enfants d’Afrique. Il faut donc trouver des solutions,
de façon à avoir assez pour s’occuper d’eux sans faire l’aumône.
Quand on pense au cinéma et qu’on pense à vous, on pense aussi à Pedro Almodovar…
Oui ! Je viens de le voir il y a trois jours à Madrid ! C’était agréable, on a même chanté ensemble !
C’était à titre amical bien sûr, pour la Cérémonie des Goyas. J’ai passé trois jours à répéter un
numéro musical.
Quelle regard portez vous sur votre collaboration? Aimeriez vous continuer?
Oh oui j’aimerai énormément ! Ca suffit maintenant ! Cela fait déjà 15 ans ! En plus son dernier
était avec Antonio Banderas. Si les choses vont par ordre d’apparition, je me suis dit, la suivante
c’est moi ! (Rires).
Quelle est votre actualité ?
Mon actualité ? Le 28 mars sort « Mince Alors » de Charlotte de Turckheim. Une comédie assez
touchante sur la surcharge pondérale. Au Festival de Berlin, vient de passer le film macédonien
que j’ai fait aussi l’année dernière en même temps que « Mince alors ». Il s’appelle « La femme
qui essuyait ses larmes ». C’est une coproduction avec la Belgique donc ça va se voir ici. Et puis
au mois de mars sortiront aussi trois épisodes de « Clem » sur TF1 dont c’est la troisième saison.
Vous avez parlé tout à l’heure d’un enregistrement demain?
Si ! C’est un enregistrement musical pour la promotion de « Mince alors » dans le programme de
Michel Drucker : « Vivement dimanche ».
Alors c’est un week-end très chargé ?
Ça fait trois festivals par semaine ! Je suis à Mons pour le moment, mais avant j’étais à Madrid et
avant à Berlin. Donc tu vois çà bosse! Ça bosse le mois de février, question festival (rires) !
Et justement, vous connaissez le cinéma espagnol, le cinéma français, y’a-t-il une manière
différente de travailler entre ces différents pays ?
Le cinéma il y en a trois, le bon, le moyen et le mauvais ! Et en Europe il n’y a pas de différence.
Je viens de faire un film en Macédoine. L’équipe technique était de 15 nationalités européennes
différentes et ça marche ! L’Europe ça marche, c’est les politiciens qui n’y arrivent pas! Nous, on
y arrive : tu peux mettre 15 nationalités, cultures, langues, religions différentes et ça marche. On
travaille, on fait un film et cela en 5 semaines avec pratiquement pas d’argent.
Y a-t-il plusieurs Victoria Abril? Est-ce qu’on vous voit de la même manière en Espagne ?
Est-ce que l’on vous offre les mêmes rôles ?
Non, en Espagne je fais des rôles que mélodramatiques. C’est quand je suis arrivée en France que
je me suis assoiffée d’un petit peu d’humour, je me suis rapprochée de l’équipe du « Splendid ».
Donc les 10 premières années, les années 80 et 90 j’étais avec Jugnot, on jouait au théâtre « Le
Splendid » ou encore avec Josiane Balasko et « Gazon maudit », qui a quand même cassé pas mal
la baraque ! On s’en rappelle encore… Et Jacques Monet… Donc on me proposait des comédies
pour faire rire. C’est quand même beaucoup plus jouissif.
Mais faire rire c’est très difficile, c’est comme la musique, c’est une question de rythme. Et il faut
évidement avoir quelque chose à dire.
Votre définition du film d’amour parfait ?
(Rires) Le film d’amour parfait, c’est celui où tu pleures d’abord et où tu souris après…
Le « Happy End » indispensable?
C’est quand, tout le film je suis en train de pleurer, fais moi sourire à la fin quand même ! Il faut
que tu me fasses pleurer mais il faut que tu me fasses sourire (même un peu plus).
Vous n’avez pas envie un jour de mettre en scène ?
Non et sais-tu pourquoi ? Car je n’ai pas de temps à perdre ! Sortir un film c’est une année
d’écriture, une année de tournage et une année de promotion. Ensuite ça sort un mercredi avec 10
autres films américains et à midi on t’enterre. Je préfère produire ma musique. C’est d’abord plus
faisable de produire un album et une tournée qu’un film (qui est quand même beaucoup plus cher).
Et puis surtout, je n’ai pas senti la nécessité de vous raconter une histoire.
Et pour faire un film, il faut vraiment ressentir la nécessité, car pendant 3 ans, tu ne fais rien d’
autres : tu n’as pas de famille, tu n’as pas de mari, tu n’as pas d’enfants. Tu n’as rien du tout, tu es
une espèce de chose, c’est un tourbillon « creativo »… Et quand tu as des enfants tu ne peux quand
même pas disparaître pendant trois ans !
Un peu casanière alors ?
Si ! Je suis cancer ! J’adore faire à manger, faire mon marché… J’aime bien avoir mes enfants à
table, comme ça je vois leurs gueules, ce qu’ils font et ce qu’ils ne font pas… Ça boit, ça ne boit
pas, ça travaille, ça bosse, ça ne bosse pas… C’est bien de contrôler « un poquito ».
C’est quoi l’amour pour vous?
L’amour, c’est les quatre roues essentielles à mon moteur pour que je marche (rires).
Avez vous un agent?
Je n’ai pas d’agent. J’ai un site internet et je ne travaille qu’avec celui qui veut travailler avec moi.
Les autres je ne les connais pas. Si on me choisi, je suis capable de faire tout ce que tu veux parce
qu’en plus je commence à avoir maintenant de l’expérience. C’est comme ça que j’aime travailler.
Allez à des auditions, ce n’est pas mon truc. Je refuse quand je vois que la lecture de « la historia
no es intéressante ». Quand je n’y crois pas, je suis une très mauvaise comédienne.
Votre coup de coeur en ce moment?
« La femme qui essuyait ses larmes ». Ce n’est pas parce que je l’ai fait. C’est deux filles
macédoniennes d’une trentaine d’années, avec un talent fou, une écrit et met en scène, l’autre
produit et est actrice et elle m’a fait passé un mauvais quart d’heure ! C’est deux histoires de
femmes, une en France et l’autre en Macédoine. C’est une histoire avec la première séquence la
plus forte que je n’ai jamais vu au cinéma. Quand j’ai lu le scénario, j’ai du arrêter, sortir la tête et
respirer car j’avais une tachycardie ! Tellement c’est fort… J’espère que vous aurez la chance de le
voir l’année prochaine !
Vous êtes plutôt cinéma d’art et d’essai ?
Oui c’est clair ! Le cinéma d’auteur c’est un poing qui te rentre jusqu’aux entrailles…
Vous attendez quoi de ce Festival?
Moi je n’attends rien ! J’attends mon taxi et que je vais m’en aller (rires) ! Je t’ai dit, je n’attends
rien moi ! Je donne et j’ai du mal à recevoir.
Vous êtes toujours à l’aise avec votre corps?
Ca fait longtemps que j’ai fait la paix avec lui ! Au début je n’étais pas contente, je ne me trouvais
pas belle, je ne ressemblais pas à Marilyne et moi, je voulais être Marilyne. J’étais malheureuse
devant la glace… Et le jour que tu fais un enfant, deux enfants, et que tu vois que tu as été capable
de faire çà… Tu te dis que tu n’es pas Marilyne mais que tu n’es pas mal ! Et puis de toute façon
on fait avec parce qu’on n’a pas autre chose ! Il faut essayer de se maintenir le plus sainement
possible pour que ça dure jusqu’à la fin et être en bonne santé. Et puis maintenant que je suis dans
la cinquantaine, on ne te demande même plus d’être belle ! Alors on est relax (rires) !
Moi je suis là pour donner du sourire, du bonheur et de la chanson… Je vis dans l’absolue
précarité, je ne sais absolument pas ce que va être ma vie dans l’année en cours.
Est ce que vous aimez la Belgique ?
Mucho! Mucho! Parce que la Belgique m’aime. Elle est là, la bouche ouverte, un petit sourire en
coin…
Est ce qu’on peut dire qu’à leur actuelle vous êtes une femme heureuse ?
Oui oui ! Je suis la femme là plus heureuse de l’hémisphère nord. Il parait que dans le sud, il y en
a une autre.
Vous avez atteint tous vos objectifs ?
Je ne m’étais jamais fixé aucun objectif ! Moi, je suis une petite embarcation dans cet océan qui
est l’art, qui va à la dérive. L’art pour moi c’est un océan où toutes les embarcations sont possibles :
les grandes, les petites et où on flotte. Et voilà, moi je vais à la dérive, mais j’essaie de jouer
avec les vents, de faire correctement mes zigzags. Je fais le menu d’aujourd’hui avec ce que me
dit le frigidaire, pas ce que me dit le livre de recettes. Je fais avec ce qu’il y a et ce qui existe
aujourd’hui !
Je me vois continuer dans la musique, dans le cinéma et dans la télé… et aussi des tableaux!
Choisir c’est renoncer. Et si tu me laisses encore un petit peu de temps, je vais encore trouver une
idée!
Stellina Huvenne-Nathanaëlle Bouquegneau