Première fois au Théâtre national. J’ai particulièrement apprécié le cadre et les loupiottes tamisées, très classe. L’accueil aussi, très professionnel et avenant. J’ai obtenu mes places de cinéma et mon bracelet pour le concert sans aucune difficulté et avec le sourire en plus.
Du côté cinéma, dans la salle Huisman aux sièges pas vraiment très confortables, j’ai assisté au visionnage de Niguri d’Antonio Martino, de SolarTaxi d’Eric Schmitt et de Children of War de Bryan Single.
3 films pour un sujet.
Le premier se construit sur les interviews de différentes personnes vivant à Sainte-Anne, village au sud de l’Italie. D’un côté les natifs, de l’autre les migrants venant d’Afghanistan, Libye, Soudan,…La cohabitation est rude entre ceux qui ont toujours vécu paisiblement là et ceux qui se sont réfugiés dans ce centre pour demandeurs d’asile, le deuxième d’Europe. Xénophobie, prostitution, misère, agression, violence mais aussi espoir que tout s’arrange.
Le deuxième, la liberté de l’homme par rapport aux énergies fossiles. Louis Palmer, enseignant suisse de 36 ans, fait le pari fou de rouler avec comme seule source d’énergie, le soleil. Il conçoit avec toute une équipe une voiture solaire. Le principe est « simple », à l’arrière de la voiture une remorque transporte des panneaux solaires et au devant, une batterie capte l’énergie et la transforme en source motrice. C’est un pari fou, utopique qui se révèlera finalement assez terre à terre.
Je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager quelques uns des nombreux moments drôles de ce film. Louis Palmer arrive en Syrie (après avoir demandé une autorisation), son premier accident depuis le jour où il est parti se passe. Peu après, il rencontre le ministre des Transports, lui fait part de cet accident et ce dernier répond » Un accident dans mon pays? Cela ne doit jamais se reproduire. Je vais mettre à votre disposition une escorte policière ». Et voilà notre enseignant traversant la Syrie sous bonne garde.
Autre accident en Inde, l’homme est en tort. Tout a été filmé par la voiture suivant Louis dans son tour du monde. Le conflit se règle avec le fils mais le père ne daigne pas serrer la main de Louis. Finalement ce handshake se fera et le policier déclarera » Voilà, maintenant le conflit est vraiment réglé »
Autant d’anecdotes qui donnent à ce voyage une tout autre saveur, Louis Palmer au fur et à mesure des pays, apprend un peu plus sur chacun d’eux, ses préjugés se brisent et la vérité se crée. Ainsi, là où il espérait un accueil médiatique gigantesque, en Australie, il s’est trouvé face à un désintérêt totale pour la cause environnemental, a contrario, en Chine où sa vision était assez pessimiste, lui a été fait un accueil extrêmement chaleureux et il a vu l’intérêt que les habitants portaient aux nouveaux moyens de réduire la trace de CO2 dans le monde. Il a pu aussi rencontrer Ban-Ki-Moon, secrétaire générale de l’ONU, le but ultime de ce road trip écolo.
Par cette démarche, Louis Palmer a su démontrer qu’il était possible de réduire de 100% l’empreinte écologique actuelle des pays en constuisant plusieurs espaces de panneaux solaires éparpillés un peu partout dans les déserts du monde entier pour subvenir aux besoins en énergie de chacun. Tout cela en se servant d’une énergie propre et renouvelable.
Excellent film, road movie à la suisse avec des personnages attachants, des situations cocasses, des rencontres imprévues, des situations tout aussi imprévues et un beau message de fin.
Et enfin le troisième, la liberté humaine de nouveau. Le titre n’évoque déjà pas une facette joyeuse du genre humain. Le film lui donne lieu à des pulsions meurtrières envers ce genre inhumain. Ouganda, pays en crise, la Lord’s Resistance Army kidnappe des enfants et en fait de petits soldats armés et zombifiés. Le réalisateur a suivi pendant 3 ans des enfants recueillis dans un centre de réhabilitation. A travers les témoignages des enfants on apprend l’horreur à laquelle ils ont participés contre leurs grés. C’est un drame sans nom. J’étais révoltée et les larmes ont de temps en temps voulu se faire la malle mais j’ai tenu bon (si ces enfants ne pleurent pas alors moi non plus).
On apprend de la bouche de 3 enfants ce que Kony leur faisait faire. Kony est le chef des rebelles de la LRA qui veulent faire tomber le président Yoweri Mousevini pour installer un système théocratique basé sur les écrits sacrés et sur la Bible.
Kony, surnommé le Messie Sanglant, clame ses textes sacrés, l’amour de Dieu et envoit en première ligne de tire des enfants entre 5 et 15 ans ( âge où il est encore aisé de manipuler l’esprit) se faire massacrer, des enfants tuer, frapper, mutiler d’autres enfants, des filles se faire offrir comme femmes aux supérieurs, à Abonga Papa, leadeur religieux (il y a une scène où Abonga Papa vient faire son plaidoyer au centre et s’exclame en voyant une fille « ah voici ma femme, je ne savais plus où elle était » le tout en souriant. Abject). Au nom d’une religion d’amour pure et de pardon.
Révoltant.
Ces enfants doivent se reconstruire. Lorsqu’ils arrivent au centre, ils se sentent coupables, n’ont confiance en personne, un long travail commence pour peut être un jour les faire sortir et revoir leurs villages natales et avec de la chance leurs parents.
Children of War est plus que poignant. On ne peut pas sortir indifférent de ce film, c’est littéralement impossible.
Pour digérer ce tout, j’attends avec impatience le clou de ma soirée, les Balkan Beat Box. Après avoir attendu longtemps, trop longtemps à mon goût, ils arrivent enfin et waouh.
J’ai remué mon corps jusqu’à n’en plus pouvoir. Et pour que je remue mon corps ainsi sans alcool dans le sang et en étant seule avec moi-même ,c’est que la musique doit balancer sec. Dub, reggae, cuivres balkaniques, hip hop, les sonorités mélangées de leur musique font directement le lien avec leur message de paix, d’amitié et de brassage des cultures à travers la musique. L’énergie est au rendez-vous et elle explose dans toute la salle (SolarTaxi aurait pu faire un sacré trajet avec l’énergie de ce concert). Une superbe atmosphère où tout le monde danse sans se tracasser, se laisse juste porter par la musique. Les gens étaient venus pour cela, ce qui a permis à ce concert de se dérouler dans une bonne ambiance à toute épreuve.
J’ai hésité à acheter leur album mais je me suis dit qu’une telle puissance scénique ne pouvait se vivre que pendant un concert et que je préférais venir les revoir à l’occasion.
Ce fut un des plus beaux concerts de ma vie. Une véritable découverte pour moi qui ai tendance à aimer les chanteurs français et à remuer au summum de l’amusement mon pied en battant la mesure.Un peu comme les danseurs gnawa, j’ai subi une transe consciente et pleinement assumée. Rien à redire, du bon son, du rythme, du plaisir, une présence scénique du groupe et du chanteur à couper le souffle, bref, le panard absolu.
Balkan Beat Box clôture merveilleusement ma première journée au festival.
Elodie Kempenaer