Une chance, les joyeuses histrionnes du groupe Boudu cop’s valent sans nul doute le coup et l’œil qui va avec. Trio 100 % féminin, au style foisonnant et décalé, les cop’s ont proposé leur dernier spectacle en date, « Pourvu qu’ça dure ! » à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle saison du Magic Land Theatre.
Le but avoué du groupe est de Boudufier la terre entière, mais alors, quoi-qu’est-ce la Boudufication ? Dans un univers de plumes, de froufrous et de gyrophares, le show « humoristico-érotico-acoustique » éclate comme un joyeux bazar. Au son de la guitare sèche, du mini accordéon, mais aussi de la bassine plastique ou des coquilles Saint-Jacques, le spectateur est invité dans le Saint des Saints : une longue conversation entre copines.
Liposuccions et amourettes, grand amour et tirage de couette, tous les thèmes phares de la féminité moderne s’enchaînent à la cadence d’un jour de soldes. On dirait presque la revue de presse musicale d’un magazine féminin dont la rédactrice aurait découvert la fine et la vieille poire… L’originalité esthétique se retrouve évidemment sur le plan musical qui, comme la mise en scène, se veut « désordre » à la manière d’un ordre inattendu. Il est assez dur de donner une étiquette au jeu des cop’s tant les styles abordés sont nombreux (flamenco, pop, chansons populaires…) ; cependant, leur attitude reste toujours fidèle à elle-même : énergique et par-la-bandesque. Ne soyez donc pas surpris de croiser AC/DC ou les Gipsy King au sein d’un chant fleur bleue.
Indéniablement, l’humour et la bonne humeur font le lien et le spectacle se révèle très construit. Difficile d’imaginer une salle qui refuserait d’embarquer dans ce drôle de périple. Les trois donzelles savent ce qu’elles font ; mieux même, elles savent le faire oublier. Entre l’impro et le calcul, le spectateur hésite, et c’est avec plaisir qu’il se fait promener.
J’en vois au fond qui s’exclament : « Oui, le girl power, ça commence à bien faire, et en reprendre au dessert, ce serait passer les bornes de la gourmandise… ». Soyez rassurés, votre opinion se comprend ; toutefois, sachez-le, c’est ici à la version boudunienne du genre que vous aurez affaire. Les poncifs sont donc à oublier au profit d’un bon coup de frais. Les questions de la femme actuelle sont ainsi passées à l’hyperbole, jusqu’au burlesque, pour être reconduites à leur vraie nature : celle d’un grand cri d’amour que ne saurait épuiser ses échos revendicatifs ou marchandisés… Dans le fond, c’est un peu ça la boudufication : retrouver en toutes choses l’amour et la joie qui les sous-tendent.
Pour une définition plus précise de ce concept déjà promis à une vaste diffusion, le mieux reste encore de venir vous faire en personne une idée de cette version hystérique des trois Grâces.
Bouduniens, bouduniennes de tous les pays, unissez-vous !
Spéciale dédicace à Bernadette Scoubidou.
Alexis Hotton