Super 8 de J.J. Abrams
Science Fiction
Avec Kyle Chandler, Elle Fanning, Joel Courtney, Riley Griffiths, Ryan Lee, Gabriel Basso
Été 1979, une petite ville de l’Ohio. Alors qu’ils tournent un film en super 8, un groupe d’adolescents est témoin d’une spectaculaire catastrophe ferroviaire. Ils ne tardent pas à comprendre qu’il ne s’agit pas d’un accident.
Voici revenu le temps des extra-terrestres, si départ il y a eu. En effet, le cinéma américain a fait de ce thème l’un des plus utilisés du septième art. Véritable berceau des aliens de tout horizons, Hollywood est une machine à pondre des monstres et des ovnis. Depuis la fameuse affaire Roswell qui a jeté un ouragan de rumeurs toutes aussi loufoques les unes que les autres, les films traitant ce sujet sont omniprésents et souvent, à notre grand désespoir.
Ce nouveau film n’échappe pas à la règle et nous donne même l’occasion de retrouver deux réalisateurs pro-aliens aux commandes, Steven Spielberg et J.J. Abrams. Si le premier est très connu dans le cinéma du genre avec E.T. l’extraterrestre, Rencontre du troisième type, La guerre des mondes ou encore Indiana Jones et le Royaume de cristal, le second est aussi un adepte de la science fiction outre-planétaire avec le récent Star Trek. Il n’en fallait pas moins pour faire de ce film un « fanfilm ».
L’histoire vous emmène dans la vie d’une bande d’ados similaire à celle des « Goonies » (écrit par Steven Spielberg) dont l’un, Joseph Lamb, est particulièrement effacé suite à la mort prématurée de sa mère. Ce groupe d’adolescents décide de tourner un court-métrage en Super 8 ayant pour thème principal les zombies. Jusqu’ici, le scénario ne scintille pas d’originalité mais a le seul mérite de nous présenter le fil rouge du film : le tournage à l’ancienne, en Super 8, qui était la référence des cinéastes en herbe dans la jeunesse de J.J. Abrams et Steven Spielberg. Cet hommage original est à saluer car l’audace d’introduire un film dans le film relève d’un pari osé. Mais voilà que survient un accident de train à l’endroit même où sont entrain de filmer nos jeunes amis. C’est exactement à ce moment que commence la longue litanie des anecdotes et des renvois aux précédents films de Steven Spielberg.
Doté d’une technique irréprochable, chaque scène revisite les succès du cinéma « spielbergien ». Un garçon compatissant envers un Alien souhaitant rentrer sur sa planète (E.T. l’extraterrestre). Un monstre extra-terrien physiquement à mi-chemin entre le T-Rex de Jurassic Park et le faciès des créatures de Rencontre du troisième type. Une bande sonore signée de la main du directeur musical de Cloverfield (film produit par J.J. Abrams). Tout y est pour vous faire apprécier ce retour en arrière du cinéma.
Pourtant ce manque d’innovation que l’on peut qualifier de paresseux, ne masque pas la qualité visuelle et technologique du long métrage qui est très agréable à visionner. Seules quelques inepties nous restent en travers de la gorge comme l’esprit peu craintif des jeunes personnages et la crédulité des habitants de la petite ville qui est le cadre du massacre.
Le casting nous a, cependant, paru sympathique. Tout d’abord, par la présence d’Elle Fanning qui nous avait laissé une excellente impression dans Somewhere de Sofia Coppola. La jeune sœur de Dakota est assurément le meilleur dramaturge du plateau. Toujours dans le rythme, elle apporte à son personnage l’aspect dramatique et aventureux qu’il se doit d’avoir. Touchante et dotée d’une maturité exceptionnelle, elle est une des futures valeurs du grand écran. A ses côtés, Joel Courtnay ne souffre pas trop de la timidité de son personnage. Le jeune acteur nous était jusqu’ici inconnu et on doit bien avouer qu’il n’a pas raté son entrée en scène. Certainement bien dirigé, il assure son rôle sans en faire trop. Seule la scène de rencontre avec la bête venue d’une autre planète nous laisse entrevoir son manque d’expérience. Enfin, il faut souligner une erreur flagrante de casting, celle de Kyle Chandler. L’acteur américain ne se trouve pas du tout à sa place dans ce film. De par son physique gominé, il fait perdre au film une certaine crédibilité en accentuant son côté « Teen movie ».
En résumé, le film est plaisant pour les fans de science fiction mais tombe dans la facilité en se retranchant derrière un agglomérat des meilleures trouvailles du cinéma de Spielberg. On a la désagréable impression de faire un bond en arrière.